Virologie. Les virus, particules particulières

13/04/2020

Avant de passer au crible les rumeurs en lien avec le coronavirus, il est important d'avoir en tête quelques éléments de compréhension sur les virus, ces particules dont on parle toute l'année mais dont on ne sait au fond pas grande chose.

Le Coronavirus, agent du SRAS (Syndrome Respiratoire Aigu Sévère). Microscopie électronique colorisée. ©Institut Pasteur
Le Coronavirus, agent du SRAS (Syndrome Respiratoire Aigu Sévère). Microscopie électronique colorisée. ©Institut Pasteur

Le virus "coronavirus", ne s'appelle pas coronavirus, mais SRAS-CoV-2, pour Syndrome respiratoire aigu sévère - CoronaVirus - 2. Quand on parle de coronavirus, on parle en fait famille de ce SRAS-CoV-2, car le terme générique virus regroupe différentes familles et sous-familles. Mais avant d'entrer dans les histoires de familles, place à l'essentiel : c'est quoi un virus ?

Un virus n'est pas une bactérie

Même si les bactéries, comme les virus, peuvent provoquer chez l'hôte infecté une maladie, ils sont particulièrement distincts. Une bactérie est un organisme vivant, capable de se déplacer et de survivre par elle-même. On parle d'organisme procaryote, car une bactérie est généralement composée d'une seule cellule dépourvue de noyau, contrairement aux animaux et végétaux, qui sont eucaryotes. Elle a un métabolisme, c'est-à-dire une réaction chimique en son sein, quand un virus est acaryote : c'est une particule sans noyau, ni métabolisme. Un virus est 100 à 1000 fois plus petit qu'une bactérie.

Pour donner une idée de sa taille, si le virus faisait la taille d'un ballon de foot, le corps humain aurait ses pieds à Brest et sa tête à Berlin !

Les virus sont des particules parasitaires : un virus a besoin d'infecter les cellules d'un organisme pour survivre, contrairement à une bactérie. En effet, une particule virale est composée de trois éléments : des acides nucléiques (ADN ou ARN) qui détiennent les informations génétiques du virus (bref, sa carte d'identité), contenue dans une capside, (alias son portefeuille blindé), et structuré par des protéines et des lipides, qui constituent généralement une enveloppe (la poche d'un jean), autour de cette capside.

Trois types de structures de virus. ©Biologia
Trois types de structures de virus. ©Biologia

L'objectif d'un virus est d'entrer dans une cellule, pour obtenir les matériaux nécessaires afin de se dupliquer. En se multipliant, il crée des copies de lui-même, des virions.

Virus : un mode de vie basé sur le dialogue

Un virus vit en communauté. En règle générale, il est inerte. Mais lorsqu'un virus est au contact d'une cellule, le virus s'active et va "dialoguer" en échangeant des données. Selon la teneur de ce dialogue, l'organisme peut tomber malade, ou pas. Si les informations ne correspondent pas à la cellule, elle est réfractaire : concrètement, cela veut dire qu'on ne peut pas être infecté par un virus de plante. S'il pénètre, il y a différents scénarios. Si le virus entre et se multiplie, soit il tue la cellule, soit rien ne se passe. Il peut également pénétrer sans que rien ne se passe et qu'il ne multiplie pas. Enfin, il peut également se faire détruire par la cellule, et ça c'est grâce aux défenses immunitaires.

Plutôt ADN ou ARN ?

La plupart des virus pas cools (car il en existe des sympas, comme dans toutes les espèces), sont des virus à acides ribonucléiques (ARN) : ce sont ceux qui véhiculent les maladies émergentes comme Ebola, la grippe, la dengue. Le VIH, qui est responsable du Sida, est un peu particulier car c'est un virus ARN, mais qui peut passer par un codage en acide désoxyribonucléique (ADN) : c'est la rétrotranscription. Rapidement, cela veut dire que sa carte d'identité passe de l'ARN à l'ADN puis de nouveau à l'ARN.

Au coeur du schéma du virus de gauche, l'ADN et dans le virus de droite, l'ARN, contenu dans sa capside.
Au coeur du schéma du virus de gauche, l'ADN et dans le virus de droite, l'ARN, contenu dans sa capside.

Le problème d'un virus à ARN, c'est que l'information génétique qu'il transporte (l'ARN) est bien moins stable que l'ADN : cela veut dire que les virions ont plus de chance d'être différents du virus qui a contaminé la cellule. En bref, un virus à ARN a un taux de mutation plus élevé qu'un virus ADN.


Les virus, une histoire de famille

S'il existe des ribovirus (ARN) et des virus à ADN, les virus sont très nombreux et il en existerait des milliards. Ils forment différentes familles, selon la structure de leur enveloppe, les informations génétiques qu'ils contiennent... Ainsi, les astrovirus ont une forme d'étoile et ont un ARN à simple brin, les herpesviridae ont un ADN double brin et un cycle de réplication particulier. Les coronavirus, qui nous intéressent, font partie de la famille des coronaviridae, des virus qui ont la particularité d'avoir des péplomères sur leur enveloppe, ou, plus simplement en anglais, des spikes (des crampons, des piques).

Schéma d'un virus avec des péplomères. ©PMC
Schéma d'un virus avec des péplomères. ©PMC

Les "crampons" du coronavirus sont comme des clés qui lui permettent d'entrer dans la cellule plus facilement, pour y obtenir les matériaux nécessaires à sa réplication. Il va s'insérer dans les cellules de la gorge, du nez, puis se répliquer... et c'est là que les problèmes commencent.

Léopold Picot


Maintenant que les virus n'ont plus de secrets pour vous - mais encore un peu, il ne faut pas se leurrer -, un article sur des fausses informations liées au coronavirus vous attend ici, pour essayer de démêler le vrai du faux.

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